Guerre du Yémen : silences et conséquences
Alors que la guerre de Syrie reflète des oppositions mondiales entre le gouvernement de Bachar El Assad, soutenu par la Russie, et la coalition « internationale » menée par les Etats-Unis et certains pays Européens, la guerre au Yémen semble renvoyer des oppositions à la fois politiques, théocratiques mais aussi économique.
Ces tensions récurrentes au Moyen Orient semblent immuables notamment sur l’opposition religieuse sunnite et chiites. Ainsi, l’Iran, axe chiite avec la Syrie, le Liban, l’Irak et le Yémen, s’affronte contre la Coalition arabe sunnite de l’Arabie Saoudite soutenue par d’autres pays arabes comme l’Egypte, le Koweït et les Emirats Arabes Unis.
Conséquences d’une guerre idéologique et religieuse
La république du Yémen, ancienne colonie britannique, est l’un des pays les plus pauvres de la péninsule arabique. Ce pays de 25 millions d’habitants est aujourd’hui un territoire détruit par les nombreux combats au sol mais aussi aériens. L’organisation Human Right Watch estime plus de 60 frappes aériennes illégales de la part de la coalition arabe. De leur côté , les rebelles houtistes sont accusés de frappes à la fois au Yémen et en Arabie Saoudite mais également d’installation de mines anti-personnelles. Il semblerait ainsi que la violation des lois de guerre ne soient plus prises en compte. Les tentatives de la communauté internationale afin de rétablir la communication entre les deux camps se sont révélées insuffisantes et impuissantes. Les civils sont irrémédiablement les plus touchés par cette guerre idéologique. De nombreuses organisations internationales estiment à plus de 10 000 victimes de la guerre depuis mars 2015. La majorité des infrastructures comme les hôpitaux, les écoles, des villes entières comme Sanaa ont disparu depuis le début des combats. L’aide humanitaire subi des blocus fréquents, ce qui contribue certainement à un affaiblissement durable du pays.
Quels sont les objectifs de l’Arabie Saoudite ?
Cette volonté de l’Arabie Saoudite de mener son expansion sunnite se fait également sur un fond de tensions intérieures. En effet, le nouveau président élu a nommer son fils Mohamed au Ministère de la Défense et son neveu au Ministère de l’Intérieur. Cette rivalité incite donc le nouveau Ministre de la Défense Saoudienne à faire ses preuves. L’enjeu principal de la victoire Saoudienne contre les rebelles yéménites sera donc l’unification des forces du pays, notamment sur l’avis populaire de la politique étrangère offensive du pays. De plus, elle permettra à l’alliance arabe chiite de prendre de l’ampleur dans son expansion de la péninsule arabique. Une défaite rappellerait à l’Arabie Saoudite un passé vaincu lors de ces précédentes politiques d’affaiblissement du Yémen.
Effets sur les politiques étrangères internationales
L’Arabie Saoudite, initialement soutenue par les Etats-Unis et le Royaume-Uni ,alliés à la fois économiques mais aussi politiques, se retrouve aujourd’hui confrontée à un enlisement. John Kerry, dans un discours en octobre 2016, sous-entend un retrait de son soutien, principalement militaire, suite aux accusations de « crimes de guerre » contre le géant chiite. Paradoxalement, les Etats-Unis également présents depuis 5 ans dans la région (Yémen, Afghanistan, Somalie et Pakistan) ont également été accusés par les ONG de bombardements contre des civils (117 sous l’administration Obama depuis 2012). Le 22 janvier 2017, trois membres présumés d’Al-Qaïda ont été tués par des drones, suspectés d’être américains, sur le territoire yéménite. Si cela se confirme, ce sera les premières attaques autorisées par le nouveau Président, Donald Trump. Les prochaines annonces sur les nouvelles décisions de la politique étrangère américaine pourraient ainsi avoir des conséquences sur les aboutissements de ce conflit.
Du côté de l’Union Européenne, on assiste à une démission à la fois des gouvernements et des organisations pour la Paix. Les gouvernements liés par leur alliance économique et politique avec l’Arabie Saoudite n’osent interférer dans cette guerre par appréhension de conséquences diplomatiques. La situation au Yémen n’est pourtant pas sans conséquences pour le monde occidental. En effet, les aboutissants de cette guerre sont encore ignorés et cette fracture religieuse et idéologique entre l’Iran et l’Arabie Saoudite prend de plus en plus d’ampleur et engage de nombreux pays, quel que soit le camp choisi. Les organisations terroristes sont peut-être les seules à profiter de cette situation. Entre l’enfoncement de la guerre et l’ignorance de la situation pour les populations occidentales, elles progressent rapidement par les frontières sud du pays et semblent se renforcer à chaque nouvelle guerre au Moyen Orient.